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Phytos, biocides et soins pour animaux Mieux apprécier le risque des travailleurs

L’Anses révèle dans un rapport un manque de données, et remet en cause la manière dont les expositions aux pesticides sont évaluées.

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«Un déficit de données », « des moyens consacrés à un conseil en prévention indépendant insuffisant », un niveau de sensibilisation insuffisant… C’est ce que révèle, dans un rapport publié le 25 juillet et présenté à la ministre de l’Écologie le 28, le groupe de travail (1) à l’œuvre pendant près de cinq ans pour examiner les connaissances sur les expositions des travailleurs agricoles aux pesticides. Il ne s’agit pas ici que de « phytos », mais aussi de biocides et produits vétérinaires. Autrement dit, tous les travailleurs agricoles, cultivateurs comme éleveurs – soit plus d’un million de personnes - sont concernés. Le rapport ne leur jette pas la pierre. Il réprouve le fait que le niveau d’exposition repose grandement sur leur comportement individuel, via le port de l’équipement de protection individuelle (EPI)…, alors qu’en matière de santé au travail, la suppression du danger puis la mise en œuvre de mesures collectives devraient primer.

dans le cadre de la mise sur le marché (AMM) des pesticides fait face à de nombreux écueils. Parmi eux, le statut de l’EPI, « paramètre d’ajustement final, permettant au bout du compte de considérer si l’exposition conduit ou non à un risque acceptable » dans les scénarios d’exposition. Puis le choix de ces derniers, ainsi que les méthodes retenues dans les modèles de calcul des expositions. D’après le rapport, ceux-ci peuvent être opaques et restent aux mains des fabricants de pesticides. Un défaut majeur quand il s’agit de santé publique.

qui a suscité des remous en interne et l’impatience de certaines associations (2), a été remis par deux experts du groupe de travail après finalisation du rapport. Il indique que les études relatives à l’exposition des travailleurs, dont l’évaluation tient compte, sont conformes aux exigences de traçabilité de l’Anses. De plus, c’est elle-même qui, au cours de la procédure d’AMM, les valide.

l’Anses propose une série de mesures visant à donner une vraie place à la prévention et à la protection de la santé des travailleurs. À leur niveau, il s’agit de recevoir un conseil indépendant et des formations dispensées plus largement, tel le « Certipesticide » proposé par Ségolène Royal. Au niveau national, il s’agit d’augmenter l’acquisition de données d’exposition, d’ouvrir une réflexion sur les méthodes d’évaluation de l’exposition dans la procédure d’AMM, et de réduire la complexité de la réglementation.

(1) Réunissant des experts en toxicologie, ergonomie, agronomie, et sociologie notamment.

(2) Phyto-Victimes, Générations Futures et Alerte des médecins sur les pesticides.

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